Qu’est-ce qui vous a amenés tous les deux dans l’entreprise ?

Michael Schmied: Lorsque vous grandissez dans une entreprise familiale, vous entretenez toujours des liens émotionnels forts avec celle-ci. Néanmoins, dans le monde moderne, chacun doit suivre sa propre voie, sa propre passion et ses propres talents. C’est pourquoi ma famille et moi-même avons toujours considéré que nous pouvions, et non que nous devions, emprunter cette voie. Dans cette logique, rejoindre l’entreprise en tant que chef de produit en 2017 a été une décision très consciente et ouverte. Depuis, c’est non seulement un défi professionnel fascinant, mais aussi épanouissant, ainsi qu’un parcours personnel particulier que j’ai choisi de poursuivre, pour façonner l’avenir de notre entreprise familiale avec mes collègues.

Gerhard Fuchs: J’ai commencé ma carrière chez Silhouette en tant qu’outilleur en 1981. En découvrant quelques croquis de lunettes que j’avais réalisés sur un morceau de papier de verre, Arnold Schmied Sr. m’a donné la possibilité de suivre une formation dans une école d’orfèvrerie spécialisée dans la bijouterie et le design. J’ai ensuite rejoint le département design à la fin des années 1980. Je pense que c’est une chose qui arrive assez rarement, devenir designer en faisant ce genre de « détour », et dans notre cas, cela a été enrichissant pour les deux parties.

M. Fuchs, comment apprend-on à développer une idée qui n’existe pas encore ?

Gerhard Fuchs: D’une certaine manière, le design est la chose la plus naturelle au monde. Tout ce qui se trouve dans la nature et dans l’univers est en constante évolution. En tant qu’êtres humains, nous avons ce besoin impérieux d’aller de l’avant. Chaque idée a un potentiel prometteur pour l’avenir, mais le défi consiste à la concrétiser.

À quoi ressemble le processus de design des lunettes Silhouette, depuis la vision initiale jusqu’au produit ?

Gerhard Fuchs: Les bonnes idées peuvent surgir en un clin d’oeil. Il m’arrive souvent d’avoir de bonnes idées à quatre heures du matin, pour ensuite commencer à planifier les étapes suivantes avec le service de recherche dès le lendemain. Ce qui est fantastique dans notre entreprise, c’est que nous avons rassemblé toutes les ressources dont nous avons besoin pour rendre ces idées commercialisables en un seul endroit.

Quelle est la vision que chaque design Silhouette s’efforce de concrétiser ?

Michael Schmied: Notre vision du design s’inscrit dans le long terme et est indissociable de la mission fondatrice de l’entreprise : créer les plus belles lunettes tout en répondant aux plus hauts standards de qualité et de confort. Nous adaptons continuellement cette approche aux tendances actuelles et l’orientons vers l’avenir afin de tenir compte des matériaux, de la technologie, de l’impact sur l’environnement, de la communication et des besoins des clients.

Comment est née l’idée du design de la Titan Minimal Art ?

Gerhard Fuchs: Au début des années 1990, nous avions travaillé en étroite collaboration avec l’expert en tendances Gerd Gerken. J’ai été chargé d’étudier « le minimalisme et la réduction », et je me suis donc demandé comment nous pourrions concevoir les lunettes les plus simples et les plus épurées possibles. Le premier modèle, Minimal Art, était constitué d’un simple fil de fer et d’une paire de verres. Même s’il n’était pas encore parfait sur le plan technique, il a établi les bases de la Titan Minimal Art.

Quels sont les aspects de la Titan Minimal Art qui ont évolué au cours des 25 dernières années et quels sont ceux qui demeurent inchangés ?

Gerhard Fuchs: Le concept technique de base n’a pas changé – le design percé, le poids réduit, la zone de flexion et la fixation sans vis sont les mêmes.

Michael Schmied: En revanche, les matériaux et les processus de production n’ont cessé d’évoluer. Depuis 2017, les verres sont également fabriqués sur place dans notre propre « Lens Lab ». Les lunettes sont « 100 % Silhouette », ce qui signifie que chaque composant, montures et verres, ainsi que l’ensemble du processus de fabrication des lunettes Silhouette se déroulent directement sur notre site de Linz.

Les Titan Minimal Art ont-elles rencontré un succès immédiat ?

Gerhard Fuchs: Au début, c’était trop pour le marché, et l’équipe de vente était sceptique. Mais nous avons tout de même vendu plus d’un million de paires de lunettes la première année.

Michael Schmied: Dans les années 1990, nous sommes passés de collections temporaires basées sur les tendances à un produit de long terme, ce qui a supposé un changement radical et une volonté d’adopter de nouvelles approches. La Titan Minimal Art a démontré que Silhouette en était capable. D’un point de vue créatif, maintenir l’intérêt pour quelque chose qui existe déjà est un plus grand défi que d’inventer quelque chose de nouveau.

Comment la Titan Minimal Art a-telle fini par voyager dans l’espace ?

Gerhard Fuchs: Il s’agit d’une coïncidence. Un opticien travaillant pour une grande agence spatiale a compris qu’il s’agissait des meilleures lunettes pour une utilisation dans l’Espace, car elles ne comportent aucune vis et s’ajustent mieux sous le casque de l’astronaute.

Michael Schmied: Les lunettes Titan Minimal Art ont participé à plusieurs missions et ont passé d’innombrables heures dans l’espace. Et nous n’avons rien modifié. Elles peuvent même résister aux lancements de fusées et aux sorties dans l’Espace en apesanteur, ce qui offre également aux consommateurs de notre planète la légèreté dont ils ont besoin pour naviguer avec aisance dans la vie quotidienne.

Quelle est la position de Silhouette en matière de production durable ?

Gerhard Fuchs: Lorsque je parle de « légèreté » en tant que critère de design, la durabilité joue déjà un rôle important. Moins nous utilisons de matériaux, plus notre travail acquiert un caractère durable.

Michael Schmied: Il s’agit d’un aspect important auquel nous avons attaché de l’importance dès le début. Notre usine située dans la zone de préservation des eaux de Scharlinz est fière de travailler dans le respect de tous les critères établis. Au cours des dernières années, nous avons réduit de plus de moitié les émissions de carbone produites lors de la fabrication de nos lunettes et compensé les émissions restantes. Notre objectif est d’atteindre la neutralité carbone sans compensation externe d’ici à 2027.

Comment les changements de génération et les différences d’âge au sein de l’entreprise influencent-ils le processus de création ?

Gerhard Fuchs: Les trois générations qui se sont succédées à la tête de l’entreprise ont adopté des stratégies tournées vers l’avenir, et chaque époque a laissé quelque chose derrière elle pour la suivante.

Michael Schmied: Le design est une manière créative de percevoir le monde. Il est important d’avoir des points de vue différents selon les tranches d’âge pour une inspiration mutuelle. Néanmoins, il est essentiel de comprendre que nos créations fonctionnent indépendamment des générations.

Comment définiriez-vous la réussite ?

Gerhard Fuchs: La réussite et l’échec sont étroitement liés. Les éléments clés sont un bon timing, une technologie sans faille et les bonnes personnes pour utiliser et soutenir la conception au bon moment.

Michael Schmied: En outre, vous devez être convaincu que votre vision est réalisable, et vous devez être prêt à prendre des risques calculés. Cette combinaison vous permettra peut-être de révolutionner le monde d’une manière ou d’une autre.

Quelles sont les limites que Silhouette a franchies jusqu’à présent et quelles sont celles que vous souhaitez franchir à l’avenir ?

Michael Schmied: La marque Silhouette a été fondée avec un esprit novateur, un grand souci du détail, l’ambition de créer les plus beaux modèles et l’engagement de considérer la plus haute qualité comme une évidence. Au fil du temps, nous avons fait le bonheur de nos clients internationaux dans plus de 100 pays grâce à de nombreuses innovations dans les domaines de la technique et du design. Nos produits ont littéralement vaincu la gravité. Le monde de demain appartient aux audacieux, c’est pourquoi nous nous efforçons constamment de nous améliorer, d’essayer de nouvelles choses, d’innover pour façonner l’avenir de manière proactive et de redéfinir les limites du possible.